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vœu de virginité

le baptême et y vivre selon les lois de l’Évangile ».

Voilà quels étaient les hommes, conclut le missionnaire. Il ajoute : « Les femmes, qui vont toujours dans l’excès, faisaient tout cela et bien davantage encore : les unes se roulaient dans la neige, comme fit une jeune femme trois nuits de suite dans les plus grands froids que j’aie vus en Canada ; une autre, dans un froid semblable mais accompagné d’une poudrerie de neige si grande qu’on ne pouvait voir à deux pas de soi et qu’on n’avait pas la force de se tenir à l’air, non seulement s’y tint, mais étant dépouillée jusqu’à la ceinture, s’exposa à toute la rigueur de la saison sur le bord de la grande rivière, et récita son chapelet dans cette posture si étrange ; où il faut remarquer que dans la langue des sauvages la salutation angélique est le double plus longue que dans la nôtre. »

D’autres pourtant allaient plus loin : après avoir rompu la glace avec leur hache, elles se plongeaient jusqu’au cou dans les étangs et les rivières ; elles avaient le courage de réciter plusieurs dizaines de chapelet dans cet effroyable tourment, d’où elles sortaient avec une chemise de glace autour du corps. L’une d’elles le fit trois nuits de suite ; elle y gagna une fièvre si violente qu’elle en pensa mourir. Une autre, non contente de s’immerger ainsi dans l’eau glacée, y plongea sa petite fille âgée