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nouveau projet de mariage

inspiré à la jeune fille un dessein si héroïque. Il la loua, l’encouragea, lui promit de la soutenir contre quiconque s’opposerait à elle, l’assurant au reste que les missionnaires ne l’abandonneraient point et ne la laisseraient jamais manquer de rien.

À ces paroles, la bonne Catherine se sentit comme arrachée au purgatoire qui la torturait et introduite dans les riants parvis du paradis. Son directeur en fut vivement frappé. « Dès ce moment, note-t-il, elle entra véritablement dans la joie du Seigneur, et elle commença à goûter au fond de son âme une paix, un repos, un contentement si grand que son extérieur même en parut tout changé. Et ce qui est de bien remarquable, c’est que cette paix, ce repos, ce contentement dura jusqu’au dernier soupir de sa vie, sans que chose aucune fût désormais capable de l’altérer : marque évidente de l’esprit de Dieu qui la possédait. »

La néophyte, débordante de joie et de reconnaissance, avait à peine quitté le seuil du missionnaire, qu’Anastasie le franchissait à son tour pour se plaindre d’elle. Mais le Père l’arrêta net. Il lui reprocha de tourmenter une sainte fille au sujet d’un parti qui méritait les plus grands éloges, qu’elle devait s’estimer heureuse de voir une personne de sa cabane, faire ce que nulle fille jusqu’ici n’avait conçu, encore moins exécuté : observer la virginité qui fait les