Page:Lecompte - Catherine Tekakwitha, le lis des bords de la Mohawk et du St-Laurent, 1927.djvu/156

Cette page a été validée par deux contributeurs.
150
catherine tekakwitha

tant ce genre de vie a d’opposition avec la vie sauvage ; et tout ce que d’autres ont pu faire, c’est, après être restées veuves dans un âge encore jeune, de renoncer à de secondes noces, pour avoir au moins par là quelque petite part à la couronne de Catherine. »

Anastasie entreprit donc à son tour la néophyte. Mais ce ne fut pas long. La jeune fille lui rétorqua prestement : « Si vous estimez tant le mariage, que ne vous mariez-vous une seconde fois ? Pour moi, jamais ! Et je demande qu’on ne m’en reparle plus. »

À l’instant même, Catherine se rendit chez le missionnaire pour se plaindre des importunités d’Anastasie et de sa sœur. Le Père crut devoir encore une fois éprouver sa résolution. Il lui proposa de prendre trois jours pour délibérer : ce temps expiré, il regarderait comme définitif ce que le bon Dieu lui aurait suggéré.

Elle acquiesça. Mais l’Esprit-Saint la pressait si fort intérieurement qu’un demi-quart d’heure ne s’était pas écoulé, lorsqu’elle réapparut devant le missionnaire un peu interloqué.

— C’en est fait, dit-elle en l’abordant avec un air tout embrasé, il n’est plus question de délibérer ; mon parti est pris depuis longtemps : non, mon Père, je n’aurai jamais d’autre époux que Jésus-Christ.

Le P. Cholenec se rendit enfin. Il lui sembla que Dieu avait parlé, qu’il avait lui-même