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nouveau projet de mariage

À quelques jours de là, la sœur de Catherine, qui trouvait le temps long, l’aborda une seconde fois et la somma de se déclarer. La néophyte n’y tint plus. Elle révéla son grand secret : non, jamais elle ne se marierait ; l’affaire était conclue ; elle priait sa sœur de n’y plus revenir. Celle-ci ne put s’empêcher d’éclater :

— Qu’est-ce que vous dites là ?… Y avez-vous bien pensé ?… Avez-vous jamais entendu parler d’une chose semblable chez les filles iroquoises ? Ne voyez-vous pas que vous vous exposez à la risée des hommes et aux tentations du démon ?…

Catherine coupa court à tout ce flot de paroles, en disant qu’elle ne craignait pas les railleries des hommes, et pas davantage, avec la grâce de Dieu, les attaques de l’enfer.

La pauvre femme, ainsi mise en déroute, se replia sur Anastasie pour l’amener à ses vues. Elle fit si bien qu’elle y réussit. Tant il est vrai que le célibat était chose inouïe, invraisemblable chez les Iroquois. Il ne venait pas en pensée même à une personne aussi sage et pieuse qu’Anastasie, qu’une fille pût réellement vouloir rester fille. « Ce qui est certain, observe le P. Cholenec c’est que plusieurs personnes de son sexe et de son âge (à Catherine), ayant tâché de l’imiter ici en ce point après sa mort, y ont trouvé des difficultés qu’elles avouent n’avoir pas eu la force de surmonter,