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une sainte amitié

et de toute distraction, un idéal charmant de vie commune. Où planteraient-elles leur tente ?

Justement, presque en face d’elles, au pied des rapides et près de l’autre rive du Saint-Laurent, leur apparaissait dans sa beauté l’île au Héron. C’était évidemment l’endroit voulu : c’est dans ce nid de verdure qu’il fallait dresser une grande croix, et, à son ombre, placer la petite cabane qui les abriterait.

Il n’y avait plus qu’à exécuter ce beau dessein. : Catherine, qui avait à un haut degré l’esprit d’obéissance, jugea que le consentement du missionnaire était d’abord requis. L’une d’elles fut dépêchée auprès de lui.

Hélas ! elle revint bientôt, passablement déconfite. Le Père avait renversé en riant tout leur échafaudage : elles étaient trop jeunes dans la foi pour fonder une communauté ; l’île au Héron était trop loin du village ; les jeunes gens qui vont et viennent entre le Sault et Montréal, ne manqueraient pas de faire souvent escale à leur île…

Nos bonnes chrétiennes convinrent qu’en effet le Père avait raison, et, conclut le P. Chauchetière qui nous a conservé ce curieux épisode, « elles ne pensèrent plus à leur monastère de l’île au Héron ».

Un plus grave incident allait occuper l’âme de Catherine Tekakwitha et l’attrister profondément.