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marche de la caravane. Elle ne voulut rien entendre et resta, avec son neveu, près du moribond, pendant que les autres reprenaient leur marche. Au bout de deux jours le malade mourut, désolé de n’avoir pas reçu le baptême. Sa femme l’enterra et se remit en route, portant l’enfant sur ses épaules. Elle put rejoindre la bande.

Mais tout le monde était sur les dents. Loin encore des habitations françaises, que faire ? Le désespoir leur suggéra l’horrible dessein de manger quelques-uns de la troupe pour faire vivre le reste. On jeta d’abord les yeux sur la veuve du Tsonnontouan et ses deux enfants. Avant de les faire mourir, on demanda à Thérèse ce que la loi des chrétiens disait là-dessus, car il n’y avait qu’elle de baptisée parmi eux. Elle n’osa répondre. Le cas était difficile pour sa casuistique. « Mais surtout, nous dit le P. Cholenec, elle appréhendait avec grande raison que, sur sa réponse on ne vint à la tuer elle-même, après qu’on aurait mangé cette femme et ses deux enfants, comme ils firent en effet. »

Dans ce danger extrême, elle ouvrit les yeux sur l’état déplorable de son âme, les désordres de sa vie passée, l’imprudence qu’elle avait faite de venir à la chasse sans se confesser. Elle en demanda pardon à Dieu de tout son cœur et lui promit que s’il la délivrait