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terrible épreuve

un violent soupçon. Les sauvages comme on sait y sont naturellement portés.

Pour comble de malheur, l’homme en question, le jour même, contribua, sans le savoir, à confirmer les craintes de sa femme. Il avait préparé un canot pour le prochain retour. Il lui fallait quelqu’un pour l’aider à le tirer hors du bois. L’empressement de la néophyte à toutes les corvées lui était bien connu. Il dit donc tout bonnement : « Ce sera Catherine qui viendra. »

Une fois l’esprit sur une fausse piste, il est ingénieux à y ramener toutes choses. Ainsi la femme se prit à considérer les allées et venues de la jeune fille, ses absences dans le bois ; incapable d’imaginer la vraie cause qui étaient les prières, que nous avons dites, dans l’oratoire, au bord du ruisseau, elle conclut à des rencontres, à des rendez-vous criminels avec son mari. Cette femme, affirment les deux biographes déjà cités, était vertueuse et sage, mais elle ne connaissait pas encore Catherine. Elle eut le bon sens de ne rien dire d’abord de ses soupçons, mais de les réserver pour le missionnaire de retour au village.

Les fêtes passées, elle plaça devant le Père, avec l’échafaudage de ses conjectures, la conduite et la parole imprudentes de son mari qui leur avaient donné lieu. Dieu permit