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la mission iroquoise s.-fr.-xavier

qu’on avait de garder inviolable cette union, il donne ce curieux détail : « Ils chantent la grand’messe et disent leurs prières en la langue algonquine, pour éviter une jalousie qui aurait pu naître entre les cinq Nations. » Il poursuit : « Les hommes se tiennent d’un côté de l’église et les femmes de l’autre. Il y a un Chef de la prière qui est comme le grand Chantre, qui est au milieu, tout debout : chacun se répond alternativement, et l’on y entend souvent les chœurs de musique. »[1]

Tant de vertus et une si touchante harmonie des cœurs forçaient un missionnaire, de passage au Sault, à s’écrier avec Notre-Seigneur devant la foi du centurion : « Amen dico vobis, non inveni tantam fidem in Israel, en vérité, je n’ai pas trouvé une si grande foi dans Israël ! »

Le second évêque de Québec, Mgr de Saint-Vallier, en fut lui-même ravi d’admiration. Dans sa lettre de 1687, sur l’État présent de l’Église et de la Colonie dans la Nouvelle-France, il disait : « Dans ma première visite, la piété que j’y vis, surpassa de beaucoup l’idée que j’en avais conçue par les rapports qu’on m’en avait faits. Les personnes engagées dans le mariage ne sont pas moins à Dieu que les vierges… On prendrait leur

  1. Histoire de l’Amérique Septentrionale, Paris, 1753, t. I, p. 363.