Page:Lecointe - Au pays des manchots, 1904.djvu/26

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aux lieutenants Amundsen et Mélaerts, mais transformée et aménagée plus tard en chambre pour le commandant ; puis, s’arrêtant devant une porte, il s’écria : « Tout cela est très bien, mais tu vas voir le clou et tu seras enchanté. »

Il ouvrit, et je me trouvai à l’entrée d’un réduit sans ventilation, où le jour pénétrait à peine par une lucarne donnant sur le couloir. Là, après quelques instants, je pus distinguer une armoire, sur laquelle s’étalait une sorte de lit et, dans un coin, une caisse de bois blanc grossièrement peinte en chêne. Précisément sous ce local, se trouvait la chambre des machines, d’où montait une fade odeur d’huile bouillante.

Après un moment d’examen : « Qu’est-ce cela ? fis-je, intrigué ; la lampisterie ! » Danco bondit : « La lampisterie ! Comment, tu ne vois pas ? tu n’es pas enchanté ? mais c’est ta chambre ! »

Je restai stupéfait, pendant que lui continuait : « Crois-moi, ce sera superbe et, à peu de frais, tu t’arrangeras à merveille. L’expédition est dans la dêche, nous tirons tous le diable par la queue. »

Il ouvrit une autre boîte dans laquelle régnait une chaleur atroce : « Vois, tu ne te plaindras plus : Amundsen et Mélaerts logeront là. »

Il me fit encore traverser le carré, et me désignant une sorte de couloir : « Racovitza, Arctowski, le docteur et moi, nous serons installés ici[1]. »

Je fis le tour complet du navire, puis remontai sur le pont, où je remplaçai de Gerlache, qui alla se reposer.

Et tout en faisant route vers Anvers, je me répétai à plusieurs reprises : Dans quelle galère suis-je tombé !

La Belgica était un ancien baleinier norvégien (Patria), long de 30 mètres, large de 6m50 et jaugeant 244 tonneaux. Il fut remis en état et spécialement aménagé pour le voyage qu’il allait entreprendre.

  1. Les logements furent considérablement améliorés pendant notre séjour dans le port d’Anvers.