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Sylvandre à sa chaumière obscure
S’en va silencieusement.
À s’abstenire de nouriture
Il s’obstine de ce moment.
Trois jours après, son chien fidèle
Accourt, et par son aboiment
Apprend à Nice la nouvelle
Du trépas de son tendre amant.

De désespoir Nice frappée
Cachant à son père interdit
L’objet dont elle est occupée
D’un ton doux et triste lui dit :
« Laissez-moi de ce berger sage
« Recevoir le dernier soupir. »
Puis, rassemblant tout son courage
Près de Sylvandre alla mourir.

Par le Berger Sylvain.

LE CONTRAT DE MARIAGE PAR DEVANT NATURE.

ROMANCE HISTORIQUE.
(Même air.)

Le jeune Hylas, la jeune Hélène
S’aimaient tous deux également
Et tout en eux servit leur charme ;
Mêmes désirs, même penchant,

Toujours d’accord, jamais se plaindre,
Sans cesse ensemble sans dégout
C’étoient (pour d’un seul trait les peindre)
Les deux motiés du même tout.

La couronne de l’hyménée
Manquait seule à leurs tendres cœurs
Et la guirlande fortunée
N’eût offert jamais plus de fleurs.
Mais leurs familles divisées
Par le culte de leurs ayeux,
Tenant chacune à ses idées,
Mirent un obstacle à leurs vœux.