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LE CAHIER ROUGE DE LUCILE DESMOULINS.

Au nombre des plus belles et des plus touchantes figures de la Révolution Française, parmi celles qui éclairent même les jours sombres du rayonnement de leur grâce et de leur patriotisme, au milieu de tant d’autres et au-dessus de beaucoup d’autres, nous apercevons Lucile Duplessis, la femme adorée et adorable de Camille Desmoulins.

On a souvent parlé d’elle, ou pour être plus exact, parlé d’eux, car les deux époux sont inséparables dans l’histoire ; M. Claretie leur a consacré un volume remarquable après lequel il semble que rien ne puisse être dit. Ils sont, cependant, si intéressants ; les documents qui les concernent sont en quantité relativement si considérable que les travaux devront se succéder longtemps encore avant d’avoir épuisé la légitime curiosité du public et la mine si riche des matériaux que le temps et les fureurs politiques ont épargnés.

Qu’il nous soit permis de lire avec une respectueuse piété les notes écrites au courant de la plume, de parcourir les feuilles sur lesquelles la pensée intime était, aussitôt traduite qu’éclose, en un mot ces Reliquiæ qui nous font entrer un instant dans la vie même de ceux dont nous nous occupons.

Les manuscrits que nous avons pu recueillir nous fourniront l’occasion de plus d’une publication du genre de celle-ci. Nous commençons aujourd’hui par le Cahier rouge de Lucile Desmoulins. Ce cahier n’est pas absolument inédit, M. Claretie en a donné plusieurs pièces ; le voici dans son entier, mais avant il est bon de le décrire et de rectifier à ce sujet l’historien de Camille.

En effet, voici comment M. Claretie nous le présente : « Ce petit cahier — haut de douze centimètres et large de huit centimètres ; cartonné de carton rouge et contenant vingt-deux feuillets d’un papier solide, rugueux et jauni, dont treize seulement sont couverts de l’écriture de Lucile, — ce cahier de jeune fille contient des vers composés en l’honneur de Mademoiselle Duplessis ou copiés par elle sur des recueils qui paraissaient alors. À la première page, le baron de Girardot, à qui ce document unique appartenait, a tracé cette indication :

« Cahier écrit de la main de Lucile Duplessis,
« femme de Camille Desmoulins
« m’a été donné par la sœur de Lucile, en 1834, à Paris.
« B. de Girardot. »