Vous qu’on persécute à la ville,
Jeunes cœurs, accourez près d’eux ;
Leur toit de chaume sert d’asile
À tous les amans malheureux.
L’ENFANT TROUVÉ.
Dans le sentier qui nous a guidé
Est un enfant abandonné
Errant sans dessin et sans guide ;
Ce jeune enfant parraît bien né.
Il parle une langue étrangère
Mais ces gestes sont éloquens ;
Peut-être a-t-il perdu sa mère ?
Hélas, il est sans vêtement.
« Soulageons les maux qu’il endure ;
Adoptons ce pauvre orphelain
Que nous adresse la nature.
Réchauffons-le dans notre sein. »
Ainsi parla le bon Silvandre
À l’ingénue et tendre Aimé.
Aussitôt tous deux de se rendre
Près de l’enfant non réclamé.
« Ah, qu’il est beau, » dit la bergère ;
Puis, en le prenant par la main :
« Nous n’habitons qu’une chaumière
Mais nous avons un cœur humain. »
À peine au seuil de leur demeure
Un pasteur déjà des plus vieux
Vint leur dire : « Chassez sur l’heure,
Chassez cet hôte dangereux.
Sylvandre, Aimé, qu’allés-vous faire ?
Cet enfant, beau comme le jour,
A fait le malheur de la terre.
Vous allez éberger l’amour.