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Vous qu’on persécute à la ville,
Jeunes cœurs, accourez près d’eux ;
Leur toit de chaume sert d’asile
À tous les amans malheureux.

Par le Berger Sylvain.
3e Jour Septembre 1787.

L’ENFANT TROUVÉ.

ROMANCE.
Air : Je l’ai planté.

Dans le sentier qui nous a guidé
Est un enfant abandonné
Errant sans dessin et sans guide ;
Ce jeune enfant parraît bien né.

Il parle une langue étrangère
Mais ces gestes sont éloquens ;
Peut-être a-t-il perdu sa mère ?
Hélas, il est sans vêtement.

« Soulageons les maux qu’il endure ;
Adoptons ce pauvre orphelain
Que nous adresse la nature.
Réchauffons-le dans notre sein. »

Ainsi parla le bon Silvandre
À l’ingénue et tendre Aimé.
Aussitôt tous deux de se rendre
Près de l’enfant non réclamé.

« Ah, qu’il est beau, » dit la bergère ;
Puis, en le prenant par la main :
« Nous n’habitons qu’une chaumière
Mais nous avons un cœur humain. »

À peine au seuil de leur demeure
Un pasteur déjà des plus vieux
Vint leur dire : « Chassez sur l’heure,
Chassez cet hôte dangereux.

Sylvandre, Aimé, qu’allés-vous faire ?
Cet enfant, beau comme le jour,
A fait le malheur de la terre.
Vous allez éberger l’amour.