plongé dans les voluptés de l’immobilité la plus complète et ce pour les plus petites peccadilles. Avoir fumé par exemple nous valait d’être ligoté étroitement pendant plusieurs heures par chacun des membres et par le corps à un poteau planté en terre, de façon à empêcher le moindre mouvement et à maintenir une torturante rigidité. S’il arrivait qu’un malheureux tenaillé par la faim s’oublia au point de voler une ration de pain ou de repasser à la soupe, il payait sa témérité d’une séance de plusieurs heures au poteau.
À Soltau, le supplice consistait à être ligoté debout contre le poteau, mais à Münster, on y a pendu des hommes en les attachant par dessous les aiselles, et à Oberhode, des Allemands, sans doute plus raffinés, avaient inventé le poteau incliné où l’on attachait le patient face à la pluie, au soleil ou à la bise. La fin septembre vit s’installer une cantine et un bureau de change. Les denrées de la cantine étaient vendues à des prix déraisonnables et la qualité des produits laissait surtout à désirer ; quant au change, les premiers jours on donnait trente mark pour cent francs et sept mark pour une pièce d’or de vingt francs. Par la suite, les autorités du camp firent réglementer ce cours dans des conditions un peu plus raisonnables. Fin octobre, on nous donna la permission d’écrire à nos familles, mais on y mit tant de conditions