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nous serrions les uns contre les autres, cherchant vainement à nous réchauffer, tandis que d’autres se créaient des abris illusoires à l’aide de quelques planches ou creusaient des trous dans le sol pour essayer de se mettre à l’abri des éléments déchaînés. Jusqu’au 1er novembre 1914, il y en eut qui couchèrent dans ces tristes conditions ; d’autres se trouvaient déjà sous des tentes. Le peu de paille qu’on nous avait donnée au début s’était rapidement transformée en une espèce de fumier d’autant plus infect qu’une vermine immonde y grouillait. Au début, pas d’eau ni pour se rafraîchir ni pour se laver. Je ne puis songer à ces durs moments de notre captivité sans maudire les bourreaux qui nous ont traités d’une façon dégradante et pis que des animaux ; à ceux-ci au moins l’on donne de l’eau pour étancher leur soif et on change leur litière au moins chaque jour. L’hygiène et la propreté, deux mots inconnus pour nos « Torquemada » modernes.

Les blessés non pansés, les malades non soignés et tout le monde traqué comme des bêtes fauves, et cherchant à éviter tout contact avec ces tortionnaires. Ceux qui en furent les témoins ou les victimes ne peuvent se rappeler sans frémir ces galopades à travers la plaine, où nos soldats fuyaient éperdus devant les brutes qui, sabre au clair et bayonnette au canon, exécutaient des charges furieuses contre