que l’on parcourt aujourd’hui en deux heures, en chemin de fer. Qui n’a entendu parler des riches plaines du Béarn, unies d’abord comme la main, puis semées de collines et de coteaux, et bornées à l’horizon par les admirables dentelures des Pyrénées, ces Alpes du Midi ? Passons donc, et, plus rapide que la locomotive, arrivons à Lourdes. Lourdes est une petite ville fort ancienne, environnée de hautes montagnes qui forment en quelque sorte le vestibule des Pyrénées. L’attention du voyageur ne manque pas de se fixer sur un château féodal, dont la tour carrée à créneaux se dresse au-dessus des murs enfumés de la ville, sur un roc isolé, aride et inaccessible. Cette vieille forteresse du moyen âge rappelle plus d’un fait mémorable. Au XIVe siècle, les Anglais, qui occupaient la Bigorre, en firent le point d’appui central de leur domination. Le connétable du Guesclin l’assiégea en 1374, et ne put réussir à réduire la place. En 1 406, le château capitula après un siège qui dura deux ans et mit fin à la domination anglaise dans les Pyrénées : Ce château fort a servi longtemps de prison d’État ; à l’époque où je le visitai, c’était une prison militaire. Le donjon est pourvu d’une horloge qui sonne mus les quarts d’heure. Ainsi, pauvre prisonnier, l’heure cruelle qui s’en va te chante ironiquement l’heure impitoyable qui vient !
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