un torrent. Il nous fallut conduire nos montures par la bride à travers un monceau de roches branlantes.
Le soleil descendait à l’horizon et saluait une dernière fois les montagnes ; ses lueurs teignaient les neiges des couleurs les plus éblouissantes ; les nuages étaient enveloppés d’auréoles lumineuses. La nuit approchait rapidement, déjà elle avait envahi les régions inférieures ; l’ombre des vallées montait lentement comme la marée de l’Océan, et la lumière semblait fuir devant elle, se retirant insensiblement vers les hautes cimes. Les bases des montagnes se cachaient depuis longtemps sous le noir des ombres, que les sommités les plus élevées rayonnaient encore à leur faîte de reflets d’iris et d’opale. Mais déjà les couleurs splendides s’éteignent et se métamorphosent en teintes violettes. Le front d’argent du Néoubielle reçoit le baiser d’adieu du soleil ; il brille dans la sérénité du ciel comme l’astre des nuits ; le dernier rayon du jour caresse longtemps la cime altière, puis il s’envole dans le firmament et s’évanouit.
Nous rentrâmes à Luz à neuf heures du soir, et nous eûmes toute la peine du monde à persuader aux gens de l’endroit que nous étions parvenus en cette saison au sommet du Pic du Midi.