plus que de minces filets d’eau. Nous entendîmes encore pendant quelque temps le bruit lointain de l’orage, mais bientôt toute la nature rentra dans le silence.
Après avoir franchi les débris d’avalanche que nous avions passés le matin, nous rentrâmes, percés jusqu’aux os, dans le pauvre village de Barèges. Mes guides me conduisirent dans une hôtellerie où l’on me prodigua une hospitalité tout à fait montagnarde. On fit sécher mes habits, et l’on m’installa auprès d’un bon feu. Une chaise et du feu, quelle fortune après une pareille journée ! Je m’aperçus, en me mirant par hasard dans une glace, que j’étais rouge comme une écrevisse cuite : c’était la réverbération des neiges qui m’avait fait cette mine à la sauce piquante. Mon chapeau m’avait protégé le front, qui avait conservé son teint primitif.
Quand nous fûmes à demi séchés, nous remontâmes sur nos chevaux du matin, et, laissant le guide Michel à Barèges, nous nous remîmes en route pour regagner Luz, éloigné encore de huit kilomètres.
Dès que nous fûmes en présence du Rioulet, nous dûmes mettre pied à terre. Une barricade de pierres éboulées se dressait devant nous : l’orage avait fait son œuvre, et le Rioulet montrait encore un reste de furie ; le petit filet d’eau que nous avions vu le matin bondissait maintenant comme