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ne braverait-on point pour de telles magnificences !

« Aucune palette humaine ne rendra jamais cette vue, a dit un voyageur [1], pas plus qu’il ne sera donné à aucune plume de décrire les sensations qu’elle procure. Suspendu entre le ciel et la terre, l’homme conquiert, en quelque sorte, une nouvelle nature. Il se sent tour à tour agrandi ou annihilé : ses sens deviennent plus parfaits, ses impressions plus vives ; il pense à Dieu, et, comparant sa petitesse à la grandeur du tableau dont il jouit, il réprime son orgueil ; puis, fût-il un génie ou un roi, il rend hommage, comme le plus humble des pâtres ou des chevriers, à l’éternel auteur de toutes choses. »

Après une longue et silencieuse contemplation ; je repris mon bâton ferré et suivis mes guides pour descendre vers les régions habitées.

La descente fut facile et agréable. Notre chemin était tout tracé : notre piste avait été parfaitement conservée, et il nous suffisait d’emboîter le pas dans les empreintes que nous avions formées. Seulement, si le matin la dureté de la neige nous avait fait courir quelques dangers, sa mollesse, produite par la chaleur de la journée, nous rendait

  1. M. Achille Jubinal.