gorges, les vallées… D’un coup d’œil on saisit la structure, l’enchaînement de cette gigantesque épopée géologique.
La grande chaîne primitive, qui sert de frontière à deux nations, découpe dans un ciel ardent ses crêtes et ses dentelures ; elle se lève devant nous comme un formidable rempart, et nous montre ses innombrables détails. Nous distinguons les longs rameaux qui partent de cette crête primordiale pour donner naissance aux nombreuses vallées dont les eaux vont fertiliser au loin les plaines de l’Èbre et de la Garonne. Au centre du tableau, apparaît, dans un prodigieux éloignement, toute cette féerie du Marboré, connue sous le nom de Cirque de Gavarnie : superbe édifice, digne du ciel qui lui sert de coupole ; avec sa triple rangée de gradins, ses tours massives et ses murailles inexpugnables, on le prendrait pour un colisée ou une citadelle bâtie par une race disparue. De ce côté, j’aperçois, à travers une atmosphère d’une pureté incomparable, la fantastique Brèche de Roland, profonde échancrure que ce chevalier, d’après la légende, tailla d’un coup de sa Durandal dans un mur infranchissable : porte grandiose, placée entre la France et l’Espagne, dans le domaine de l’aigle et de, la foudre. À droite trône le Vignemale, le prince des Pyrénées