sa toiture durant plusieurs mois de l’année. Il n’y a pas longtemps qu’elle fut détruite par une avalanche : les montagnards la réédifièrent à une autre place. Cette auberge est située à la hauteur prodigieuse de deux mille quatre cents mètres au-dessus du niveau de la mer : c’est, sans contredit, une des habitations les plus élevées de l’Europe ; elle se trouve à une altitude de beaucoup supérieure aux auberges du Climsenhorn, du Grimsel, du Righi, et inférieure de quelques mètres seulement à l’hospice du grand Saint-Bernard [1].
De l’hôtellerie on jouit d’un magnifique coup d’œil sur les rochers abrupts qui s’élancent de l’autre côté du lac d’Oncet. Voilà l’Espada (l’Épée), sorte de glaive en pierre qui semble menacer le ciel ; plus loin la Campana (Cloche), qui, s’il faut en croire la légende du pays, recèle la cloche immense du jugement dernier. Le vautour plane en tournoyant au-dessus de ces monts stériles.
Michel, qui était porteur des provisions, les abandonna en cet endroit pour se débarrasser d’un poids incommode : nous devions les retrouver à notre retour. Il était onze heures environ. Il nous restait à franchir la tête du géant. Quelques centaines de mètres encore, et nous y étions.
- ↑ L’hospice du Saint-Bernard est situé à 2,472 mètres au-dessus du niveau de la mer.