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du repos que lorsque nous fûmes arrivés à un petit plateau au centre duquel s’élevait un roc dépourvu de neige : on eût dit un écueil au milieu de la mer.

Pendant notre halte, nous entendons soudain un bruit formidable, comme celui d’un rocher qui s’écroule : mes guides m’en apprennent aussitôt la cause, en me signalant, non loin de nous, une énorme cataracte de neige qui, rapide comme l’éclair, glisse le long des parois de la montagne, bondit, ricoche de roc en roc, se brise avec un vacarme infernal, et finit par se résoudre en poussière, entraînant dans sa chute une quantité de pierres et de débris… C’est une avalanche. Tout ce fracas est répercuté mille fois par les échos innombrables des montagnes environnantes. Rien de plus solennel que ce tonnerre inattendu au milieu du silence et sous un ciel serein. Quatre fois, durant le cours de notre ascension, nous fûmes témoins de ces éboulements de neige produits par l’ardeur du soleil.

À peine étions nous remis de notre émotion, que le guide qui marchait devant moi poussa un cri à la vue d’une piste tracée dans la neige : les empreintes étaient d’une dimension peu commune, et, en les considérant avec attention, il fut évident pour nous qu’un ours qui devait être énorme, avait passé par là tout récemment. Je puis donc