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dont l’inclinaison était très forte, et côtoyer le lac à cent mètres plus haut que le niveau de la glace. En été, ce passage ne nous eût point offert de difficultés ; car, à cette époque, sous l’action du soleil torride, les neiges fondent et laissent à découvert les rhododendrons et autres arbustes qui sont alors d’un grand secours : si l’on tombe, on a toujours la ressource de pouvoir s’y accrocher. Mais, dans la saison où nous étions, toute cette côte était couverte de plus de dix pieds de neige, et nulle part nous ne découvrions de traces de végétation. Le tapis de neige était parfaitement uni : nulle sinuosité, nulle ondulation n’en rompait la monotonie. Un faux pas en cet endroit eût suffi pour nous précipiter dans le béant entonnoir qui semblait nous attendre à cent mètres plus bas. C’est là que le bâton ferré nous fut d’un grand secours : à chaque pas nous le fichions dans la neige et nous y trouvions un point d’appui : de cette façon nous avions toujours le corps incliné vers la paroi de la montagne, ce qui diminue de beaucoup le danger. Piquant vigoureusement nos talons dans la neige, nous enfoncions jusqu’aux genoux. Le guide qui me précédait formait les empreintes, et j’emboîtais mes pas dans les siens ; quand la neige était glissante et dure, il employait la hache et taillait des degrés. Nous marchions avec tant de