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ne marchais pas, on le conçoit, avec la même sécurité qu’un montagnard habitué dès l’enfance à reconnaître l’imminence du danger et à l’éviter. Je ne pouvais me défendre d’un certain sentiment de crainte lorsque j’entendais craquer la neige sous mes pas ; et chaque fois qu’il m’arrivait de m’y enfoncer profondément, des crevasses, des abîmes, des fondrières se présentaient à mon imagination. Sous ce perfide et moelleux tapis, dont la surface unie trompe l’œil, n’y a-t-il pas quelque cavité, quelque piège qui nous attend pour nous ensevelir ?

Nous n’apercevions pas encore le Pic du Midi ; dès qu’on s’est engagé dans la montagne, chaque éminence vous cache la crête supérieure. Le géant nous était masqué par une montagne que nous devions escalader.

Nous montions lentement et d’un pas mesuré, avec de rares temps d’arrêt, car le repos ici est fatigant. Avancer peu, mais toujours, tactique de la tortue, c’est le meilleur moyen d’arriver vite au sommet. La neige me glaçait les pieds, surtout lorsque nous cessions la marche et faisions halte : alors je les frappais de mon bâton ferré pour les réchauffer.

La chaleur devint bientôt insupportable. Je portais souvent ma gourde d’eau-de-vie à mes lèvres