du Bastan. Chevauchant à travers des débris de rochers ; entassés pêle-mêle, c’était merveille de voir comme : nos montures venaient à bout des plus rudes, obstacles. Le mieux était de se fier à l’instinct de la bête, sans vouloir essayer de la conduire. Je revois encore le site : ce chemin étroit suspendu au-dessus des profondeurs du Bastan, dont la blanche écume s’accumule autour des rochers entassés par les avalanches de son lit tumultueux.
Nous arrivâmes devant un ravin qu’avait comblé un immense amas de neiges. C’étaient les restes d’une avalanche. Des arbres déracinés jonchaient le sol ; d’autres, rompus par le milieu, avaient perdu leur cime. L’avalanche couvrait une grande partie du flanc de la montagne, et s’étendait en large éventail, jusqu’à la rivière du Bastan. Les eaux étaient parvenues à se frayer un passage sous cette masse désordonnée, qui restait suspendue au-dessus d’elles comme une arcade à plein cintre. Nous franchîmes la rivière sur ce gigantesque pont dû au hasard. J’eus la curiosité de descendre de l’autre côté, au bord du torrent, pour jeter un coup d’œil sous cette voûte éphémère : je m’avançai jusqu’à la gueule écumante qui vomissait les flots du Bastan. Le torrent s’échappait en bouillonnant des entrailles de l’avalanche et rugissait sous une grotte de neige dont