les démonter à l’entrée de l’hiver ; car les habitants émigrent chaque année à cette époque, emportant avec eux leurs pauvres habitations, pour ne pas mourir de froid dans cette Laponie isolée du reste du monde. « Dès que le mois de septembre arrive, dit M. Jubinal, on démolit la plus grande partie des habitations pièce à pièce ; on numérote leurs murailles factices, on étiquette leurs toits et leurs plafonds ; et tout cela, semblable à une décoration de théâtre qu’on reporte au magasin après qu’elle a servi, est mis en réserve sous quelque couvert, pour l’année suivante. Puis, dès que la primerose fleurit, les maisons repoussent blanches et neuves, et ayant toujours l’avantage de paraître avoir été conservées sous verre. »
Barèges est le village le plus élevé des Pyrénées : il est situé à quatre mille pieds environ au-dessus du niveau de la mer. Cette localité est exposée à un double fléau : les inondations et les avalanches. Il existe à ce sujet maintes histoires sinistres, dont un événement assez récent a renouvelé le souvenir dans la contrée.
Une des maisons désertées avait échappé depuis plusieurs années à tous les dangers. On la croyait hors de toute atteinte à cause de sa situation. Des gardiens la choisirent un jour pour leur réunion du soir, et se proposèrent d’y passer la nuit. Bientôt