aller tomber dans le Bastan : c’est le Rioulet. En dépit de son nom, qui veut dire « petit ruisseau », le Rioulet devient le torrent le plus méchant du pays quand l’orage éclate sur la montagne : alors toutes les fissures des rochers environnants lui apportent les eaux du ciel, et font rouler dans son lit d’énormes galets, qui s’entre-choquent avec un vacarme épouvantable. Quand on entend à Barèges comme un bruit de coups de canon, on dit dans le pays que c’est le Rioulet qui descend. Aussitôt l’ouragan fini, la cataracte se dégonfle, et en un moment le terrible torrent redevient ruisseau. Et les Barégeois d’accourir en foule pour déblayer la route, quitte à recommencer leur besogne dès qu’il plaira au capricieux Rioulet.
À six heures et demie nous entrions dans le village de Barèges, dont la vue produit une impression assez pénible ; à l’aspect des hautes et arides montagnes qui l’enserrent étroitement, la mélancolie passe aussitôt des yeux à l’âme. Il faut être vraiment malade pour venir s’ensevelir ici. Barèges se compose d’une seule rue à l’extrémité de laquelle se trouvent l’établissement thermal et l’hôpital militaire [1]. Les maisons n’ont qu’un étage et sont presque toutes bâties en bois, afin de pouvoir
- ↑ On sait que les eaux de Barèges sont très salutaires contre les blessures d’armes à feu.