et tristesse. Le torrent impétueux du Bastan nous accompagne de sa grosse voix sonore, roulant au fond d’épouvantables précipices dans les sinuosités desquels gémit le vent.
La route monte péniblement pendant les sept à huit kilomètres qui séparent Luz de Barèges. Je me retournais souvent pour contempler l’immense panorama borné par la toile circulaire de l’horizon. J’apercevais derrière moi les montagnes de la vallée de Cauterets, qui se dressaient à trois lieues de nous comme de gigantesques murailles. Quel beau spectacle ! Le soleil darde ses rayons naissants sur ces rochers dont les cimes neigeuses se perdent dans l’azur du ciel, tandis que leurs bases sont encore plongées dans cette clarté douteuse qui précède le lever du soleil. Cette nature est si calme, que son réveil ressemble encore à un repos parfait ; il y a tant d’harmonie entre les diverses teintes du paysage, entre cette douce lumière qui se répand peu à peu dans la vallée, et les couleurs plus vives des montagnes, que tout forme comme un grand tableau où la main du peintre le plus habile ne pourrait ajouter aucun ton ni adoucir aucune nuance.
Chemin faisant, mon guide me fit remarquer à droite un tout petit filet d’eau, qui descend des hauteurs vers la route, et, qui la traverse pour