de nous des teintes fraîches et azurées, pareilles aux vagues d’une mer immobile. Les cimes étaient confuses encore dans cette atmosphère vaporeuse du matin. Quand le cercle de feu parut à l’horizon, elles devinrent toutes roses, d’un rose glacé d’argent que nulle palette ne pourrait rendre.
Nous montons deux jeunes chevaux pyrénéens, fougueux et pleins d’ardeur comme le sont ceux des montagnes ; mais ils ont le pied parfaitement sûr et ne bronchent jamais, même dans les endroits les plus difficiles.
Au sortir de Luz, nous saluons en passant les tours du vieux château féodal de Sainte-Marie, qui se dressent, sombres et ruinées, sur une éminence isolée. Ce château, dont l’existence remonte aux templiers, fut pris et repris pendant les guerres des Anglais, qui l’occupèrent en même temps que le château de Lourdes. Ce furent Jean de Bourbon et Auger Couffite, de Luz, qui, à la tête des nobles Bigorrais, les en expulsèrent en 1404, deux ans avant la reddition du fort de Lourdes.
La route qui conduit à Barèges a des beautés à part : elle est bornée par des montagnes arides et pelées, où quelques faibles arbustes semblent lutter contre une nature rebelle. Nulle habitation, nulle culture : on ne voit autour de soi que désolation