l’auguste, de l’incomparable Néoubielle. Le soleil couchant donnait une couleur mélancolique à ce magnifique tableau ; avant de dire adieu à la terre ; il éclairait encore les montagnes de ses derniers feux : la vallée se drapait déjà dans les ombres de la nuit, tandis que les crêtes des pics resplendissaient à l’horizon. Quel pinceau pourrait esquisser cette scène intraduisible ?
Il était huit heures du soir quand j’arrivai à Luz. Sitôt que je fus installé à l’hôtel de l’Univers, je demandai que l’on voulût bien m’amener un guide de confiance, et l’on m’alla chercher Dominique Fortanné, homme de fort bonne mine, et dans toute la force de l’âge : vrai type de montagnard. Il portait la veste courte et le béret traditionnel. Sa physionomie mâle et franche me plut au premier abord. Il parlait avec amour de ses chères montagnes, et le Mont-Perdu, ce colosse des Pyrénées, était une de ses vieilles connaissances. Je lui dis mon intention de faire une ascension. Mon choix s’était porté sur la Brèche de Roland, qui fait partie de la grande chaîne centrale des Pyrénées, et d’où l’on découvre d’un côté l’Espagne, de l’autre la France. Le brave homme me dissuada de faire cette course. Elle nous demanderait, disait-il, deux journées entières, parce que le chemin que l’on suit en été était encore complètement obstrué par les neiges ;