ponts ont été fréquemment détruits par les eaux. Ils le sont encore périodiquement ; en partie, presque tous les hivers ; mais, dès les premiers beaux jours, la ténacité montagnarde ne manque pas de les rétablir. »
La gorge s’élargit à son extrémité, et tout à coup apparaît la vallée de Luz. Au sortir d’un lugubre défilé, qui atteste les anciennes convulsions de la terre, je me trouvai de nouveau au milieu d’une verte oasis, coupée par des allées de peupliers, par des ruisseaux au doux murmure, dominée par des pentes de gazon où s’étagent de petites cabanes au toit d’ardoises. La rivière du Bastan, dont les eaux grondent au fond de la gorge que nous venons de quitter, traverse ici nonchalamment la vallée. N’est-ce pas là l’image de la vie, d’abord paisible, puis agitée par les orages des passions ?
Au milieu de ce riant paysage se découvre la petite ville de Luz, sise au pied du Bergons, avec sa vieille église des Templiers toute crénelée, et les deux tours de son château de Sainte-Marie, vestige féodal perché sur un roc solitaire. Et enfin, tout au fond, dans le lointain, une masse d’un blanc mat, semblable aux banquises des mers polaires, se détache en lignes fines et nettes sur un ciel aux teintes pourprées : ce sont les sommets de