haut des roches sourcilleuses dans les royaumes du vertige, roulant de ressauts, en ressauts jusqu’au fond de la gorge où elles viennent grossir les eaux du gave. La route, taillée dans le roc, serpente sur le flanc de la montagne, et borde par sa droite un précipice au fond duquel le torrent roule avec fracas dans un lit trop étroit. Un sentiment de terreur s’empare de l’âme. Le bruit sourd du gave qui écume entre les rochers, les sons plaintifs du vent qui s’engouffre dans les souterrains, les cris sinistres des corneilles et des oiseaux de proie, transportent l’imagination dans ces contrées où le Dante a placé l’entrée de son Enfer. Voici justement un pont qui s’appelle le Pont d’Enfer : ces mots-là dépeignent les choses. L’arche franchit un épouvantable abîme, dans lequel une cataracte se précipite comme la foudre. On reste vraiment confondu quand on songe que des ingénieurs ont pu pratiquer en un tel lieu une route carrossable.
« Onze ponts, dit Jubinal, commencés en 1735, sous l’intendance de M. d’Étigny, et sous la direction de M. de Pomeru, ont été jetés sur le courant. Grâce à eux, les montagnards purent connaître, en 1743, ce que c’était qu’une voiture ; et c’est à ce prodigieux travail que la vallée de Barèges a dû sa prospérité. Inutile de dire que ces