et de chapelles. Je doute qu’on puisse trouver ailleurs un paysage plus charmant et mieux encadré que ce petit coin des Pyrénées.
Au sortir d’Argelès, j’aperçois, sur une éminence, un clocher coiffé d’un toit bizarre qui rappelle le bonnet de coton classique. C’est l’antique abbaye de Saint-Savin, « cette dernière possession de l’Église dans la montagne, dit Jubinal, qui a servi de refuge aux bénédictins, quand la gloire de ces savants moines (devant les travaux desquels tout ce qui pense, chez nous, se devrait agenouiller) ne fut plus considérée que comme un titre de persécution. »
« Saint-Savin, dit Saint-Fargeau, connu jadis sous le nom de Villebancer, a une existence très ancienne. Les Romains y avaient construit un fort nommé Émilien, pour contenir le pays ; ce fort, abandonné après l’invasion des Francs, servit de retraite à quelques cénobites. L’abbaye était un grand et bel édifice, et l’église attenante, beaucoup plus ancienne, avait été bâtie près des ruines de l’antique palais Émilien (palatium Æmilianum). »
La vallée d’Argelès se ferme à Pierrefitte, petit hameau situé au milieu d’un site fort pittoresque, à la jonction des routes de Barèges et de Cauterets. C’est le point de relai des diligences. Ici commence un sombre défilé de deux lieues de longueur, qui mène directement à Luz. Les montagnes présentent des contrastes étranges : au sortir d’une vallée tout élyséenne, toute resplendissante du soleil et toute fraîche de verdure, on s’enfonce dans une noire et lugubre fissure, entre deux rangées de rochers dont les sommets semblent parfois vouloir se rejoindre à quelque mille pieds au-dessus de la route. La gorge est étroite, obscure. Des cataractes s’élancent du