Après quelques heures passées à Lourdes, après une visite à la grotte miraculeuse vers laquelle un puissant mouvement de foi entraîne le peuple chrétien, je m’installai dans le coupé d’une diligence qui devait me conduire à Luz, petite ville située au cœur même des Hautes-Pyrénées. Quoique le règne de la diligence soit aujourd’hui bien tombé, j’éprouve toujours un bonheur inexprimable quand je puis profiter de cet archaïque moyen de transport, qui permettait à nos pères d’étudier le pays à l’aise et de jouir des beautés de la route. Depuis lors, le chemin de fer, qui envahit les moindres recoins de notre globe, a détrôné ici la diligence [1].
À peine a-t-on quitté Lourdes, que la route s’engage dans la montagne ; il n’y a qu’un instant, nous avions sous les yeux la fertilité, l’abondance et la richesse de la plaine ; ici l’aridité, la désolation. C’est à peine si, au milieu des roches écroulées, l’on peut apercevoir quelque trace de végétation, et, de loin en loin, sur le bord du chemin, de vieux pans de murs ruinés, débris de tours dont les Romains se servaient, dit-on, pour un système de signaux : télégraphes de l’époque.
- ↑ Depuis 1871, une voie ferrée relie Lourdes à Pierrefitte.