Page:Lecensier - L'Éducation de la Jeune Fille par elle-même, 1916.djvu/70

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 68 —

mariage est une heureuse conformité de goûts et de principes, l’union dans la même foi et la pratique des mêmes vertus. Quelle intimité peut-il exister entre deux personnes que la dissemblance de leur conduite tend à séparer ? Comment prendre pour ami, pour soutien, pour protecteur, pour compagnon de sa vie, pour arbitre de sa conduite, pour dépositaire de sa pensée, pour objet de son affection, un ennemi de sa foi, de sa piété, de ses vertus ? Comment commander à ses enfants le respect pour leur père et en même temps devoir les prémunir contre ses exemples ?

Trop souvent dans le monde, au lieu de s’enquérir des qualités du fiancé, on s’enquiert principalement de sa fortune et de la figure que son union donnera l’occasion de faire dans la société. Certes, il faut de l’argent pour diriger convenablement un ménage, pour conserver sa situation sociale, pour élever et placer honorablement ses enfants. Il convient même que les fortunes s’assortissent, à moins que l’un des jeunes gens n’apporte des mérites exceptionnels, difficiles à contrebalancer par l’autre. L’égalité de fortune est l’indice d’une égalité dans les conditions sociales, donc dans les goûts, dans les besoins, dans l’éducation, dans les relations. D’un autre côté, si l’un des deux époux n’apportait sa part dans une aisance qui va devenir commune, il y aurait lieu de craindre qu’il n’ait souvent l’occasion de se sentir dans une humiliante infériorité. La faute que l’on commet donc, quand on envisage la fortune d’un prétendant, c’est qu’on