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glera l’imagination, entraînera le cœur, maîtrisera les mouvements de la nature, fera plier les inclinations les plus fortes, détruira les habitudes les plus invétérées. La volonté sous-entend la liberté qui nous rend maîtresses de nos actes et l’intelligence qui nous apprend les causes, les conséquences et les moyens à employer pour les réaliser. Il importe d’insister sur ce point : on admet volontiers que l’on est doué du libre-arbitre, mais, en réalité, on n’agit pas aussi délibérément qu’on le croit. Que de fois le principe de nos actes, au lieu d’être un effort délibéré et libre, n’est-il qu’une inclination naturelle, une passion, une habitude ou quelque disposition purement inconsciente ! C’est ainsi que très souvent les natures passionnées paraissent énergiques et sont considérées comme ayant « du caractère », alors qu’elles sont uniquement le jouet de leurs passions, d’un aveuglement ou d’un parti-pris qui empêchent une délibération intelligente. Efforçons-nous de ne prendre jamais de décision qu’à la lumière d’une réflexion consciente.

Les idées nouvelles sont promotrices de progrès, mais il convient de ne les accueillir qu’avec prudence ; une trop grande précipitation est souvent funeste, elle risque surtout de l’être à notre âge, où le jugement n’a pas encore toute la maturité requise et où l’expérience fait souvent défaut. Avant de les faire nôtres et d’en essayer une application qui peut être grosse de conséquences, prenons conseil de personnes expéri-