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la bataille de france

restés satisfaisants ; ils ont combattu énergiquement contre les forces allemandes supérieures, munies d’armes et d’équipements incomparablement meilleurs que les leurs, »

Sans doute, nos soldats mieux avertis de la forme qu’allait prendre la bataille, préparés à la résistance par des instructions analogues à celle que le général Huntziger, commandant la 2e armée, fit paraître après la surprise de la Meuse où il recommandait l’emploi d’une tactique de nature à rendre moins dangereuses les attaques des tanks et des stukas, auraient été en état d’offrir une résistance plus ferme et de limiter les tragiques résultats d’une première rencontre qui allait peser si lourdement sur la suite de la guerre.

On l’a bien vu plus tard, notamment au cours de la campagne de Tunisie. Quand nos troupes prirent position sur un front nord-sud de 300 kilomètres pour protéger la frontière algéro-tunisienne contre les attaques des armées de l’axe, elles n’avaient qu’un armement insuffisant en nombre et en qualité, celui que leur avaient laissé les commissions d’armistice. Les Germano-Italiens au contraire étaient munis du meilleur matériel comme tanks et avions. Cependant, elles ont tenu pendant plusieurs semaines ; elles ont ainsi permis aux forces britanniques et américaines de se concentrer et de prendre position pour la bataille décisive qui allait se terminer par une des victoires les plus remarquables de la guerre : la reddition sans conditions d’une armée de 250 000 hommes comprenant les troupes les plus aguerries de la Reichswehr, notamment cette Xe division blindée qui avait enfoncé nos lignes à Sedan en 1940.

Le cœur du général alsacien Kœltz commandant notre 19e corps d’armée a dû battre bien fort quand un général allemand lui a rendu son épée. Quelle magnifique revanche pour nos armes ! Quel épilogue inespéré à la désastreuse campagne de France ! C’étaient pourtant les mêmes Français, mais avec un moral plus élevé, avec le désir de courir sus à l’ennemi déjà ébranlé par des échecs antérieurs, avec une volonté bien affirmée de victoire.

Au terme de ces modestes réflexions, je voudrais donner un conseil à ceux des journalistes qui, dès 1940, ont voulu