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témoignage

et captura un matériel important comprenant des chars, des canons, des camions.

Si nos deux meilleures divisions cuirassées n’avaient pas, dans les jours précédents, connu un sort funeste en Belgique et sur la frontière, quel n’eût pas été leur rôle dans la bataille de France, employées en masse suivant la méthode allemande inspirée des principes hautement affirmés par le général de Gaulle ?

Pour l’aviation, la situation était moins favorable encore. Nos usines ont été presque jusqu’à la dernière heure mal outillées. Elles se livraient à un travail artisanal. Trop d’appareils retenaient leur attention. Il eût fallu faire choix de quelques types bien définis, aux caractéristiques simplifiées, et les fabriquer dans un travail à la chaîne semblable à celui en usage dans l’industrie automobile. Pour cela, il importait d’approvisionner d’abord un outillage adéquat. C’est seulement le jour trop tardif, hélas ! où le ministre de l’Air, M. Guy La Chambre, fit une commande d’outillage de 3 milliards en Amérique que notre aviation connut un développement appréciable au cours de l’année 1939.

Le formidable bélier que constituaient panzerdivisionen, stukas et divisions motorisées assena à nos 9e et 2e armées dans le coude de la Meuse un coup aussi rude qu’inattendu. Ce fut l’amorce de notre échec.

Parmi les causes militaires de la défaite, il faut ranger aussi l’erreur stratégique commise par les armées alliées se lançant à travers la Belgique à la rencontre des années allemandes, au lieu de les attendre sur les positions qu’elles occupaient depuis le début de la guerre.

Sans doute, les fortifications élevées de Montmédy à Dunkerque n’offraient pas la même résistance que celles de la ligne Maginot depuis la frontière suisse jusqu’à Longwy. Du moins les blocs, les casemates, les maisons fortes, les fossés antichars et les réseaux de fils de fer aménagés depuis la Chiers jusqu’à la mer du Nord constituaient un front non négligeable. Appuyées sur lui, les armées franco-bri-