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la bataille de france

réalisée au début de la guerre à une dizaine d’exemplaires.

Pourquoi ces initiatives, appuyées dans les milieux parlementaires par des hommes comme M. Paul Reynaud, n’ont-elles pas trouvé crédit auprès des membres du Conseil supérieur de la Guerre ? Pourquoi n’ont-elles pas allumé chez des chefs dont la science militaire égalait le patriotisme, la petite étincelle qui les eût orientés dans la voie nouvelle qui devait conduire à la victoire ? Cela restera le secret de l’avenir.

Sans doute, on n’était pas devant le néant. Il suffit d’additionner les budgets des armées de terre, de mer et de l’air, entre les deux guerres pour prendre une mesure des sacrifices imposés au pays en vue de sa défense. C’est pitié de voir avec quelle légèreté et quelle passion mauvaise certains se sont efforcés d’abuser l’opinion et de lui donner à penser que les intérêts de la France avaient été sacrifiés par ses gouvernements et ses chefs militaires. Aussi bien les premières séances du procès de Riom, dans le choc des chiffres produits par l’accusation et la défense et où celle-ci n’a pas toujours eu le dessous, ont déjà montré le contraire. Il faudra d’ailleurs reprendre la question, et placer à côté des affirmations du réquisitoire du procureur général la réplique des accusés d’alors.

Ne peut-on pas lire dans l’opuscule du colonel Alerme, ancien collaborateur de Clemenceau dans la grande guerre :

« À l’automne de 1939, ces moyens de combat (ceux de la fin de la guerre de 1918) notre armée les possédait toujours, perfectionnés, modernisés pour une grande partie, multipliés aussi. Les corps de troupe, les arsenaux, les magasins et les dépôts disposaient d’un armement dont le prix s’élevait à plus de 400 milliards de nos francs actuels. »

Et plus loin :

« L’aviation mise à part, on ne saurait prétendre que nous étions médiocrement armés. Nos troupes n’ont manqué ni d’armes portatives, ni d’armes automatiques, ni de munitions de tous calibres, ni même de moyens de transport, bien que ceux-ci ne fussent pas tous des plus modernes. Notre artillerie de campagne était excellente, notre artillerie