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témoignage

étrangères : En septembre, en janvier et en mars derniers, le gouvernement allemand aurait proposé à Varsovie une collaboration dirigée contre l’U. R. S. S.

L’opposition si souvent affirmée entre le nazisme et le bolchevisme ne pouvait disparaître, même dans l’atmosphère nouvelle créée par le traité germano-russe. Elle était trop profonde, elle opposait trop nettement les deux colosses du centre et de l’est de l’Europe, pour qu’un jour ils ne se dressassent pas l’un contre l’autre ; un proche avenir devait l’établir. D’ailleurs M. Jacques Sadoul n’écrivait-il pas dès le 27 août 1939 dans le document cité plus haut : « Pour abattre Hitler, la coopération de l’U. R. S. S. sera nécessaire. Elle ne nous manquera pas le moment venu, comme me l’affirmait tout à l’heure M. Souritz. »

En rappelant les concours sur lesquels la France était en droit de compter à la veille du conflit, en disant ensuite comment et pourquoi ils lui ont fait en grande partie défaut, j’ai voulu fixer la part des responsabilités qui lui revient dans les événements survenus. Les hommes qui parlaient et agissaient pour elle n’étaient ni « légers », ni « inconscients », ni « criminels », comme il a été dit. Ils avaient un égal souci de son honneur, de ses intérêts et de la paix.

En tout cas, de quelques critiques qu’on ait pu les accabler alors dans l’émoi des heures cruelles de 1940, ce qui est advenu depuis en atténue singulièrement l’amertume. Les Alliés n’ont-ils pas fait depuis la preuve de leur puissance ? Ne sont-ils pas en train de gagner la guerre et de préparer, avec le concours des Français à nouveau combattants, la restauration de l’intégrité et de l’indépendance françaises ?

Un mot encore pour montrer combien c’est se leurrer, pour apprécier la situation à la veille du conflit, de se renfermer dans une comparaison étroite des forces allemandes et françaises et de négliger le rôle éventuel des nations alliées.

Une nouvelle donnée est intervenue, l’entrée en guerre des États-Unis d’Amérique.