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la bataille de france

jour pas très éloigné les armées soviétiques prendraient place au combat aux côtés des armées alliées.

C’était ma conviction personnelle basée sur l’antagonisme irréductible entre l’hitlérisme et le bolchevisme que j’avais vu s’affirmer dans de nombreux documents diplomatiques de l’époque dont voici quelques extraits :

14 décembre 1938. — Le ministre des Affaires étrangères aux ambassadeurs de France : C’est la lutte contre le bolchevisme qui serait essentiellement à la base de la communauté de conception politique germano-italienne et, sans le dire formellement, M. de Ribbentrop eût voulu peut-être nous donner à entendre qu’il n’y a pas d’autre objectif à lui attribuer.

12 janvier 1939. — M. Léon Noël au ministre des Affaires étrangères : M. Beck m’a fait part des indications suivantes : contre Moscou, contre la Russie et pas seulement contre le bolchevisme, le Fuhrer a manifesté la même animosité que par le passé.

7 février 1939. — M. Coulondre au ministre des Affaires étrangères : M. de Ribbentrop dit : « Notre objectif en politique extérieure est double : 1o combattre le bolchevisme par tous les moyens et notamment par le jeu du pacte antikomintern ; 2o récupérer nos colonies. Sur le premier point, croyez-moi, la lutte que nous avons engagée est sans merci. Vis-à-vis des Soviets, nous demeurerons fermes comme l’airain. Jamais nous ne nous accorderons avec la Russie bolcheviste. »

18 février 1939. — M. de Lacroix au ministre des Affaires étrangères : Conditions imposées à la Tchécoslovaquie : la politique étrangère de la Tchécoslovaquie doit être mise en accord avec celle du Reich ; l’adhésion au pacte antikomintern est considérée comme souhaitable.

30 mars 1939. — M. Léon Noël au ministre des Affaires étrangères : M. de Ribbentrop a exprimé à M. Lipski le vœu que, puisqu’elle ne croit pas pouvoir adhérer au pacte antikomintern, la Pologne s’efforce cependant, tout au moins, de rapprocher autant que possible sa politique générale de celle suivie par l’Allemagne.

30 avril 1939. — M. Léon Noël au ministre des Affaires