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la bataille de france

La preuve a été amplement faite qu’il en était bien ainsi. La résistance opposée en 1941 et 1942 aux formidables attaques de la Wehrmacht, la reprise de l’offensive au cours de l’hiver de 1942-43 aboutissant au désastre allemand de Stalingrad et à la reddition de l’armée Paulus, donnent raison à ceux qui, faisant par avance le compte des forces que les Alliés pourraient opposer à l’Allemagne en cas de conflagration, attachaient aux armées soviétiques une valeur réelle.

Par ailleurs, beaucoup ont été surpris par la puissance industrielle de la Russie. Ce fut pour eux une révélation. Pourtant les Soviets avaient fait dans les années précédant la guerre une publicité qui ne pouvait laisser aucun doute sur l’importance de leurs installations.

J’ai le souvenir d’avoir reçu pendant plusieurs années des publications de grand style où des photographies artistiques révélaient le vrai visage de la Russie. Toutes les formes de l’activité y étaient envisagées à tour de rôle. Aciéries avec leurs cokeries, leurs hauts fourneaux, leurs fours Martin et Bessemer, leurs laminoirs, leurs presses ; mines de houille du Donetz, de fer de Krivoï-Rog et de Kertch, de manganèse de Nikopol, de cuivre de l’Oural, d’or de Sibérie ; champs pétrolifères du Caucase et de la Caspienne ; filatures et tissages de Kharkow et de Moscou ; centrales électriques avec leurs puissants barrages tels que celui de Dniépropetrowsk ; usines d’automobiles et d’aviation de la banlieue des grandes villes. Les productions forestières (bouleaux et résineux des plaines du Nord) et agricoles (blé de l’Ukraine, oléagineux de Caucasie, etc…), étaient aussi largement décrites.

La Russie d’Asie avait sa place à côté de la Russie d’Europe. Je vois encore les photographies impressionnantes des usines colossales de Magnitogorsk, Nijni-Taguil et Tchéliabinsk, établies au delà de l’Oural sur un riche gisement de fer, non loin du combustible, à l’extrémité de pipe-lines amenant à pied d’œuvre le pétrole du nouveau bassin transcaspien.

Ceux-là seuls pouvaient ignorer ce développement de la Russie soviétique qui ne lèvent jamais le regard au-dessus