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témoignage

assez vite, ayant été attaquée à revers par les Russes. Elle avait combattu vaillamment, mais vainement sous le puissant assaut des tanks et des stukas. Ainsi fit-elle défaut dans le concert des armées alliées au cours de la première année de la guerre. Des unités reconstituées ensuite hors de la Pologne entrèrent en ligne plus tard sur divers fronts, en Allemagne, en Italie, en Russie, sans parler de la résistance opposée à l’ennemi en Pologne même.

À l’occident, il était certain que les 35 divisions belges et hollandaises prendraient part au combat aux côtés des Alliés. Nos deux voisins du Nord savaient que la France ne les envahirait jamais, mais qu’ils avaient tout à redouter de l’Allemagne. C’est ce qui se produisit. Quelques jours après l’attaque foudroyante du 10 mai, leurs armées durent se replier devant les puissantes formations ennemies. Leur vaillance ne pouvait suppléer à leur manque de matériel. Le 15 mai, le chef d’état-major général hollandais donna l’ordre de cesser le combat et, le 27 mai, le roi des Belges sollicita un armistice.

Je ne recherche pas les responsabilités. Je ne veux accabler personne. Je suis d’ailleurs mal informé des conditions précises dans lesquelles ces événements tragiques se sont déroulés, n’ayant pas eu le loisir de recueillir certains témoignages indispensables. Cependant j’ai reçu dès ce moment les confidences du président du Conseil belge de passage à Paris, et j’ai pu lire comme tout le monde les déclarations d’alors des présidents du Sénat et de la Chambre des députés de Belgique.

Mais comment passer sous silence ce fait, unique dans l’histoire militaire, d’une armée de près de 300 000 hommes déposant les armes au cours de la bataille, ouvrant ainsi sur le front une brèche qu’on ne peut combler aussitôt et mettant les armées sœurs en grand péril ?

M. Churchill n’a pas hésité à dire, dans son discours du 4 juin 1940 aux Communes :

« La capitulation de l’armée belge obligea les Anglais à