lui montrais qu’il accomplirait l’œuvre la plus méritoire de sa longue vie publique s’il parvenait à guérir la France des maux dont elle souffrait. Il le tenta bien, mais ne rencontra pas tous les concours qui auraient dû l’aider dans cette rude tâche. D’ailleurs, sa santé le trahit après quelques mois d’un travail harassant.
Mais quelque influence qu’ait eue l’état moral du pays sur les événements de guerre, il ne faudrait pas en exagérer l’importance. En 1914 non plus, la vie intérieure de la France n’était pas exemplaire. Les élections du printemps s’étaient faites en partie contre la loi militaire de trois ans votée à la fin de la législature précédente ; le ministère Ribot avait été mis en minorité devant la Chambre au lendemain même de sa constitution. Tout cela ne révélait pas une situation bien saine. Pourtant, la France accomplit héroïquement son devoir dans les mois qui suivirent. Les pouvoirs publics et les poilus furent à la hauteur des situations les plus aventurées.
Au lendemain de la victoire, le maréchal Joffre saluait les armées que la République avait forgées au service de la patrie, tandis que Clemenceau rendait hommage aux Assemblées parlementaires qui « dans les jours sombres, n’avaient jamais fléchi, n’avaient jamais douté et, par leur ferme constance dans les plus hautes aspirations du devoir patriotique, procurant au gouvernement les moyens matériels et moraux de vaincre, ont préparé, ont fait la victoire ».
Dans son numéro d’octobre 1942, la Militärwissenschaftliche Rundschau, organe du grand état-major allemand, a publié une étude sur les événements de guerre de 1940. D’après certains jugements étrangers, écrit-elle, la défaite de la France s’expliquerait par trois raisons : a) elle aurait été trahie par ses chefs ; b) le peuple aurait manqué de la tenue morale et de la force de résistance nécessaire à une défense poussée jusqu’à l’extrême ; c) le système démocratique n’aurait pas été à la hauteur de sa tâche.
Après avoir montré l’inanité de quelques-unes de ces causes, l’exagération de certaines autres, l’article conclut en disant « qu’une défaite militaire doit s’expliquer avant tout par des motifs militaires ».