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témoignage

Et maintenant, après cet exposé de faits d’où il ressort manifestement que l’Allemagne a agi comme si elle redoutait que des négociations librement poursuivies pussent sauvegarder la paix, que signifient les récits plus ou moins fantaisistes où des folliculaires en mal de copie ont échafaudé tout un système mettant en cause le gouvernement français ? Ayant recueilli des déclarations de ministres désireux de se faire valoir comme des hommes de paix à côté de collègues soi-disant bellicistes (les « mous » et les « durs »), ils n’ont pas craint de faire porter par leur pays une responsabilité qu’ils lui savaient étrangère. Agissaient-ils comme des ignorants de bonne foi, des politiciens retors ou des traîtres vendus à l’ennemi ? Qu’importe ! Aujourd’hui, plusieurs ont payé de leur vie leur traîtrise, d’autres méditent en prison sur leur mauvaise action, d’autres en liberté doivent rougir au fond de leur conscience d’avoir ainsi prostitué leur plume.

On a fait aussi beaucoup de bruit autour de la demande italienne en vue de tenir une conférence des grandes puissances. La France en a accueilli le principe malgré le précédent peu encourageant de Munich. Elle a remercié M. Ciano d’avoir pris cette initiative demeurée sans suite. Il est vrai que l’Angleterre posait comme condition que les armées allemandes revinssent aux frontières germano-polonaises pendant la négociation. Était-ce une requête excessive ? Un pays peut-il négocier dignement quand l’adversaire occupe une partie de son sol ?

En vérité la cause est entendue. Comme l’écrivait M. Georges Bonnet dans son télégramme rappelé ci-dessus du 1er septembre 1939, et nul n’est plus qualifié que lui pour prononcer un tel jugement : « La responsabilité du Reich dans l’agression entreprise contre la Pologne est entière. »

Les « collaborationnistes » n’ont pas seulement tenté la mauvaise action de faire porter à leur pays une part de la responsabilité de la guerre. Ils ont aussi, dans le dessein de désorienter l’esprit public, prétendu que la déclaration de