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« comment mourut la paix »

déclaré que les propositions allemandes ne pouvaient être acceptées comme point de départ de discussion.

Pour ce qui est du premier point, M. de Ribbentrop a lu si rapidement les propositions allemandes que sir Nevile Henderson n’a pu s’en faire aucune idée précise. Bien que l’ambassadeur de Grande-Bretagne ait demandé expressément qu’on lui remît le document, il lui a été répondu par l’ambassadeur allemand que ce projet était déjà dépassé parce que le plénipotentiaire polonais ne s’était pas présenté dans la journée du 30 août.

Je me rappelle fort bien la stupéfaction que j’ai éprouvée ainsi que la plupart des ministres en Conseil, quand M. Georges Bonnet, après un coup de téléphone échangé avec le Département, nous a mis au courant des derniers incidents de Berlin, ajoutant qu’il ne pouvait nous donner la teneur exacte des propositions allemandes, M. Corbin n’ayant pu les recevoir du gouvernement britannique.

En ce qui concerne le second point, il y a, du côté allemand, confusion voulue entre le projet lu le 30 à minuit par M. de Ribbentrop et la note adressée le 29 par le gouvernement allemand au gouvernement britannique. Si la radio polonaise a déclaré que les propositions allemandes étaient inacceptables, cela s’appliquait à la note draconienne du 30 et non au projet en seize points du 29.

Donc, les gouvernements polonais, anglais et français n’ont eu en main le projet allemand qu’après que la radio eut annoncé que la Pologne avait rejeté les propositions allemandes et que les négociations étaient rompues. Ni Varsovie, ni Londres, ni Paris n’ont été en mesure d’examiner ces propositions. À noter que M. de Ribbentrop recevant M. Lipski le 31 à 19 h. 45, s’est borné à prendre acte de sa communication sans faire même mention du projet allemand.

Voilà les faits dans leur enchaînement. Où est la volonté de guerre ? Chez ceux qui tentent l’impossible pour trouver un moyen de conciliation, qui supplient qu’on ne brusque rien, qu’on se donne les délais nécessaires, ou chez ceux qui,