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« comment mourut la paix »

à engager des négociations avec le sincère désir d’aboutir à un accord. Mais il faut d’abord régler le conflit polono-allemand, établir entre les deux pays un accord suivant des directives qui comprendraient la sauvegarde des intérêts essentiels de la Pologne, avec une garantie internationale à laquelle il est prêt à apporter sa contribution. Donc, il faudrait des négociations directes Allemagne-Pologne sur la base des principes ci-dessus. Le gouvernement polonais est prêt à engager des négociations sur cette base. Il espère que le gouvernement allemand consentira à se rallier à cette procédure. Un règlement équitable des questions qui s’élèvent entre l’Allemagne et la Pologne peut ouvrir la voie à la paix mondiale. Un échec signifierait la ruine des espoirs d’une meilleure compréhension entre l’Allemagne et la Grande-Bretagne. Il entraînerait les deux pays dans un conflit et pourrait parfaitement plonger le monde dans une guerre générale. Une telle issue constituerait une calamité sans précédent dans l’histoire.

Le 29 août, sir Neville Henderson remet à Hitler une note où sont développés les principes ci-dessus.

Le Chancelier répond aussitôt. Pour ce qui est des conversations directes, il accepte, bien qu’il soit sceptique sur les résultats éventuels, mais à la condition qu’un plénipotentiaire polonais vienne à Berlin le lendemain 30 août. Quant à la garantie internationale, il ne pourra donner celle de l’Allemagne que d’accord avec le gouvernement des Soviets.

D’après des renseignements recueillis par M. Corbin, le Chancelier aurait donné à entendre à sir Nevile Henderson, après avoir ajouté la Silésie à ses revendications précédentes (Dantzig et le corridor), que ce qui resterait de la Pologne ne pourrait compter sur un avenir indépendant. D’ailleurs, il ne négocierait avec la Pologne que s’il était sûr à l’avance que le gouvernement polonais acceptât toutes ses volontés.

La réponse de Hitler est remise le 30 août.

Le 31 août, M. Beck téléphone à l’ambassadeur français à Varsovie qu’il accepte d’entrer en négociations avec le Reich sur les bases indiquées par lord Halifax. Il invite son