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témoignage

ce pays n’accède au dernier moment à ses exigences, il est décidé à les imposer par la force.

Le 27 août, M. Coulondre rend compte que la proposition faite par M. Daladier d’une conversation directe entre Allemands et Polonais n’a pas été retenue par Hitler.

« J’ai dit tout ce que mon cœur d’homme et de Français pouvait m’inspirer pour amener le Chancelier à accepter ma suprême tentative de règlement pacifique de la question de Dantzig. Je l’ai adjuré, face à l’histoire, au nom de l’humanité, de ne pas écarter cette dernière chance. Pour le repos de sa conscience je lui ai demandé de ne pas faire couler le sang, lui qui avait bâti un empire sans le verser, le sang des soldats et aussi celui des femmes et des enfants, avant de s’être assuré que cela ne pouvait pas être évité. Je l’ai mis en présence des responsabilités terribles qu’il assumerait vis-à-vis de la civilisation occidentale. Je lui ai dit que son prestige était assez grand hors d’Allemagne pour n’avoir pas à souffrir d’un geste d’apaisement. Les hommes qui le craignaient s’étonneraient peut-être, mais admireraient. Les mères le béniraient. Je l’ai ému peut-être mais pas décidé. Son siège était fait. »

Hitler a répondu qu’il ne doutait pas des sentiments de M. Daladier et de son sincère désir de sauver la paix, mais qu’il pensait que les conseils du président à Varsovie, si pressants fussent-ils, ne seraient pas entendus, car il était vain de vouloir amener la Pologne à une saine compréhension de la situation depuis qu’elle avait la garantie anglaise. Et le lendemain il confirmait son refus dans une longue lettre à M. Daladier.

En même temps, des négociations se poursuivaient avec l’Angleterre. Le 26 août, l’ambassadeur, sir Nevile Henderson, rend compte de sa conversation avec Hitler. Le 28 août, le gouvernement britannique répond au Chancelier. Il indique que le message allemand traite deux groupes de questions : celles qui font l’objet du présent litige entre l’Allemagne et la Pologne, et celles qui assurent l’avenir des relations entre l’Allemagne et l’Angleterre.

Sur ce dernier point, le gouvernement britannique est prêt