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« comment mourut la paix »

On ajoute, il est vrai, qu’on pouvait, malgré tout cela, empêcher la guerre d’éclater en se montrant plus conciliant dans les derniers jours de la crise et en faisant appel à tous les concours capables de l’orienter vers une issue pacifique.

La réponse à cette affirmation est donnée par le ministre des Affaires étrangères lui-même lorsque, dans son télégramme du 1er septembre aux postes diplomatiques il dit :

« Je crois devoir vous communiquer dès à présent les décisions suivantes relatives aux événements survenus dans les dernières trente-six heures et qui font ressortir la responsabilité du Reich dans l’agression entreprise contre la Pologne. »

Mais voyons les choses de plus près en nous reportant aux textes.

Le 25 août, Hitler convoquait notre ambassadeur à Berlin. Il le priait de dire à M. Daladier qu’il n’avait aucun conflit avec la France, la question d’Alsace-Lorraine étant réglée. Mais la situation créée par la Pologne touchant notamment les sévices exercés sur la minorité allemande ne pouvait durer.

Le 26 août, le président du Conseil répondait à ce message. Il faut lire cette page si émouvante.

M. Daladier affirme que rien ne peut empêcher de résoudre pacifiquement la crise internationale dans l’honneur et la dignité de tous les peuples, si la volonté de paix existe également de toutes parts. Il atteste la bonne volonté de la France et celle de tous ses Alliés. Il sollicite une dernière tentative d’arrangement pacifique entre l’Allemagne et la Pologne. Il se déclare prêt à faire tous les efforts qu’un honnête homme peut accomplir afin d’assurer le succès de cette tentative. Il termine en conviant le Chancelier, combattant comme lui de la dernière guerre, à conduire son peuple dans les voies de la paix.

Est-ce là vraiment le langage d’un belliciste ? Langage plus direct, plus émouvant, plus sincère pouvait-il être tenu ?

Le Fuhrer a pris son parti de la guerre. Son armée est mobilisée sur les frontières de la Pologne, et à moins que