ciser le sens, ils ne sont plus d’accord. Ils diffèrent du tout au tout sur l’interprétation à donner aux paroles échangées et le spectre de la guerre — le mot a été prononcé — apparaît à l’horizon. Il ne semble pas douteux d’ailleurs, à l’examen approfondi des textes, que la vérité soit du côté du ministre des Affaires étrangères de France.
Mais alors, après avoir dit à la face du monde qu’en cas de violence faite à la Pologne, la France serait à ses côtés pour la défendre, comment peut-on soutenir que la guerre devait être évitée ?
Dès ce moment, les dés étaient jetés. Si l’Allemagne se déterminait à l’agression — ce qui était certainement sa résolution, la mobilisation et la concentration de ses forces armées en font foi — c’était la guerre.
Prétendra-t-on, comme l’ont fait dès l’armistice certains misérables publicistes vendus à l’ennemi, que la France n’a rien fait pour calmer la Pologne, qu’au contraire son gouvernement belliciste l’a poussée dans les voies qui devaient la conduire à la guerre ?
Ici encore, interrogeons les textes.
Le 9 mai 1939, l’ambassadeur de France à Londres télégraphie :
« Je n’ai pas manqué de rappeler au chargé d’affaires de Pologne l’importance qu’on attachait à Paris et à Londres à ce que Varsovie ne se départît pas de cette attitude de sage modération et évitât de fournir le moindre prétexte à la campagne antipolonaise de Gœbbels. »
Le 13 août suivant, le même ambassadeur télégraphie encore :
« Il me paraît que nous devons marquer à la Pologne le prix que nous attachons et qui s’attache pour la sauvegarde de la paix à ce qu’elle ne donne aucune prise aux plaintes ou à la manœuvre allemande, en ce qui concerne le traitement des minorités et fasse tout ce qui dépend d’elle pour éviter des incidents avec l’Allemagne, notamment dans les régions à minorité allemande. »
Le 24 août, M. Georges Bonnet répond à M. Corbin :
« Une démarche très pressante sera faite par le gouvernement français auprès du gouvernement polonais pour que