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« comment mourut la paix »

Le voilà bien le malentendu que j’évoquais plus haut. Il éclate en plein en ce moment avec l’affaire actuelle. La France et l’Allemagne n’attachent pas la même portée à l’accord du 6 décembre 1938 ; la France y voit un engagement réciproque de prendre langue et de s’expliquer sur les questions pouvant mettre en danger la paix du monde ; l’Allemagne y recherche un moyen d’éliminer la France des affaires de l’Europe orientale afin d’y opérer seule et d’y commettre à son aise toutes les agressions que sans doute elle médite dès ce moment.

L’affaire de Pologne va bientôt jeter une lumière sur ces diverses attitudes et faire éclater l’opposition des deux thèses.


CRISE POLONAISE


À la fin du mois de mars 1939, il est question de négociations entre Berlin et Varsovie. M. de Ribbentrop aurait posé des questions à M. Beck au sujet de la rétrocession de Dantzig au Reich et de l’établissement dans le corridor d’une autostrade et d’une voie ferrée à caractère extraterritorial. Le gouvernement polonais aurait répondu négativement.

Le 31 mars, le gouvernement français approuve une déclaration que le gouvernement britannique se propose de faire selon laquelle l’un et l’autre assisteront le gouvernement polonais si, avant l’expiration des conversations engagées, la Pologne est l’objet de la part du Reich d’une attaque menaçant son indépendance.

Le 31 mars, M. Chamberlain fait une déclaration en ce sens à la Chambre des Communes.

Le 13 avril, M. Daladier, président du Conseil, ministre de la défense nationale et de la Guerre, rappelle dans une déclaration à la presse les engagements réciproques de la France et de la Pologne.

Le 28 avril, Hitler dénonce le pacte germano-polonais de 1934.